jeudi 7 mai 2009

Teatro del Presagio, Cali

Pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Camilo Villamarín : Mon nom est Camilo Villamarín, je suis acteur et directeur exécutif du groupe. Nous avons tous une fonction esthétique déterminée, mais aussi une fonction dans la partie "organisation".
Gonzalo Basto : Je suis Gonzalo Basto, je suis acteur et actuellement je suis les cours du dernier semestre du département théâtral de l'École des Beaux Arts. Avec Ingrid, je m'occupe de la partie publicité.
Lylyan Rojas : Je suis Lylyan Rojas, licenciée en Art Dramatique de l'École des Beaux Arts et dans la Fondation Culturelle Teatro del Presagio je suis actrice et coordinatrice de gestion.
Edwin Taborda : Mon nom est Edwin Taborda, je suis actuellement les cours du 7ème semestre d'Art dramatique de l'Université des Beaux Arts et mon rôle dans le groupe c'est tout ce qui est production et logistique.
Juan Pablo de Villa : Mon nom est Juan Pablo de Villa, je suis acteur au sein de la Fondation Culturelle Teatro del Presagio et je m'occupe de la production logistique et technique. Je suis en train de faire ma thèse d'art dramatique aux Beaux Arts.
Julian Arteaga : Mon nom est Julian Arteaga, je suis acteur du groupe.
Diana Marcela Mellado : Je suis Diana Mellado, je suis aussi licenciée en Art dramatique aux Beaux Arts et je m'occupe de la partie administrative.
Ingrid Johana Osorio : Je suis Ingrid Osorio, je m'occupe de la publicité et je me charge aussi de la production.

Pouvez-vous nous raconter la genèse du Teatro del Presagio ?
Camilo V. : La grande majorité d'entre nous a étudié à l'Université des Beaux Arts. Quand on a été sur le point de terminer nos études, on s'est réunis, avec un élément très important du groupe, Diego Fernando Montoya, qui n'est pas là aujourd'hui - il aurait voulu être là, mais il est actuellement à Bogotá pour faire des papiers, il va en Espagne recevoir un prix qu'il a gagné pour une nouvelle qu'il a écrite.
A cette époque, donc, on a connu Diego Fernando et il y a eu l'empathie, l'affinité esthétique, on s'identifiait beaucoup avec sa façon de voir le théâtre, ses propositions,... et en 2005 on a fait notre première version d'un fragment de Justine, du marquis de Sade. Et, cette première idée de monter une pièce ensemble pour apprendre à se connaître s'est converti en ce projet du Teatro del Presagio et cela fait déjà 4 ans. Nous formons un groupe stable, à Cali il y a différents groupes comme le nôtre, le Domus Teatro par exemple, qui a une salle, une infrastructure, ou des groupes comme le nôtre, qui louent des espaces, et qui travaillent indépendemment. On est des gitans du théâtre, pour l'instant ! Mais on grandit !

Pouvez-vous nous parler d'Oedipe, poème dramatique en un acte, la pièce que vous préparez en ce moment ?
Lylyan R. : Cette version de la pièce Oedipe part du classique de Sophocle mais avec une vision de notre monde contemporain, de la situation politique, sociale et économique que l'on vit en ce moment. Elle est écrite sous forme de poème par notre dramaturge et directeur Diego Fernando Montoya. C'est le moment où Oedipe, déjà aveugle, exilé de sa terre, déambule à travers le monde, la vie et ses propres souvenirs. C'est la version que nous travaillons.
Camilo V. : On prétend prendre le mythe universel comme référant pour le contexte et travailler sur le monde des spéculations, du lyrique.
Lylyan R. : On travaille avec des éléments naturels : l'eau, le sable, le feu, mais de manière symbolique. L'idée, c'est que le public entre dans une sorte de transe - pour l'appeler ainsi - qui lui permette d'entrer dans ce monde de ténèbres dans lequel erre le personnage.
Et on utilise les sonorités du dijeridoo - c'est un tube de bambou - qui est l'élément clé à partir duquel surgissent de nombreux sons - et qui ajoute l'air comme autre élément. La pierre aussi est fondamentale dans les sonorités qu'on réalise.
C'est un théâtre statique, c'est l'esthétique que nous avons choisie, le théâtre de la quiétude ou l'action émerge de l'intérieur et ne se manifeste pas tant dans le mouvement mais dans l'émotion et la parole.
Camilo V. : Vous ne l'avez pas vue en entier, mais il y a toute une mise-en-scène, un décor.
Lylyan R. : La guerre... c'est cette ambiance de désolation, de misère, de pauvreté que laisse la guerre. C'est une ambiance de "post-guerre". C'est l'inspiration pour la mise-en-scène qu'on a créée, mais sur un mode abstrait, symbolique.

Pensez-vous que l'artiste de théâtre ait une responsabilité ?
Camilo V. : On a beaucoup parlé de ça ! Le théâtre colombien - ou le théâtre latino-américain - s'est formé avec idée du changement social. Et nous, d'avoir grandi là-dedans, on sent que ça ne s'est pas perdu et que c'est une responsabilité. On n'a plus le même intérêt politique, nos ambitions sont plus esthétiques, plus personnelles, mais on veut que le théâtre ait une responsabilité sociale.
Julian A. : L'une des recherches du groupe qui est permanente c'est - oui, il y a cette responsabilité, mais on ne cherche pas l'évidence. Il s'agit de présenter de manière esthétique ces points de vue qu'on peut avoir, et ne pas aller à un langage direct qui empêche cette possibilité créatrice qu'a l'artiste.
L'esthétique dans nos pièce n'a jamais été réaliste, on essaie pas de reproduire la réalité. On a plutôt cherché une rupture permanente avec le réalisme. Pas parce qu'on ne lui reconnaît pas une possibilité esthétique, mais parce que c'est une recherche créative autre.
Camilo V. : C'est ce qui nous caractérise et nous différencie des autres groupes de la ville.
Lylyan R. : On parle toujours de ce qu'on est, de ce qu'on sent, de ce qu'on vit et on présent notre point de vue sur la société.
Juan Pablo de V. : On a toujours pensé que l'artiste, en général, pas seulement les acteurs, ont toujours été engagé dans le développement des sociétés.

Pour finir, que pensez-vous que le théâtre puisse apporter aux gens ? A quoi sert-il ?
Lylyan R. : Je crois que le théâtre va directement à la sensibilité, et à partir de là, active l'intellect. A partir de la sensation, de l'émotion. C'est donc une forme différente d'apprendre, de connaître, de comprendre.
Gonzalo B. : Il crée une conscience.
Juan Pablo de V. : Au-delà de narrer, ou de raconter des histoires, on cherche une expérience, ou créer des sensations, éveiller des inquiétudes.
Camilo V. : L'inquiétude, c'est la base de l'apprentissage.

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