mercredi 25 juin 2008

Eduardo Calla, dramaturge, metteur-en-scène et comédien, La Paz

Eduardo Calla est une figure incontournable du théâtre contemporain pacénien. A la fois dramaturge, acteur et metteur-en-scène, il nous accueille chaleureusement à la Cinémathèque.

Raconte-nous ton expérience ?
Tout ?! (rires) J'ai une dizaine d'années d'expérience durant lesquels j'ai notamment eu l'occasion de voyager en France, en Espagne et en Argentine pour me former. J'ai commencé en tant qu'acteur, puis j'ai participé à un atelier de dramaturgie, Tintas frescas qui a été une révélation pour moi.

Quand et comment t'es venue l'envie de faire du théâtre ? Et d'écrire ?
J'ai toujours su que j'avais envie d'être acteur, il n'y a pas vraiment eu de déclic. Pour l'écriture, les ateliers m'ont donné envie. D'autre part, c'était un bon compromis : allier mes études en communication et le théâtre. L'idée de créer des textes pour la scène me motivait, d'avantage que de jouer ou de mettre-en-scène. Le fait que l'œuvre et le public se rencontrent dans un même lieu m'enthousiasme.

Quelles sont tes influences théâtrales ?
Rodrigo Garcia, auteur argentin et Ramón Grifero, auteur chilien. Mais c'est surtout parce que j'ai eu l'occasion de les étudier. Sinon mes influences sont multiples.

A quel genre théâtral penses-tu appartenir ?
Je ne saurais pas le définir, je ne peux pas le classer. Mais je dirais que mon théâtre est contemporain, qu'il dénonce des choses actuelles.

Peux-tu nous parler de ton œuvre en général ? Est-ce que tu as pu mettre-en-scène toutes tes pièces ? Est-ce que tu as un thème de prédilection ?
Ce qui caractérise mes pièces, c'est qu'elles ne sont jamais linéaires. Le discours politique est toujours sous-entendu même s'il n'est pas forcément évident au premier abord. Esthétiquement, je n'aime pas qu'il y ait trop d'artifices.
Jusqu'à présent, j'ai toujours eu la chance de pouvoir mettre-en-scène mes pièces, oui.
Mon thème de prédilection est sans aucun doute la parole, en utilisant la déstructuration du discours pour dénoncer la difficulté de communiquer et celle d'établir des relations humaines, le danger de mettre des gens dans des cases, de les étiqueter.

Nous avons vu Smell. Yo no soy este típo de gente, peux-tu nous parler de cette pièce, quel type de message veux-tu faire passer ?
C'est une pièce qui parle de la difficulté de ne pas être charismatique. Elle est comme une réponse à ma pièce précédente, dans laquelle le personnage parlait trop. Ici il y a beaucoup plus de silences. Elle est aussi beaucoup plus pessimiste, cela parle d'une certaine époque, où tout change. C'est une œuvre transitoire, qui dépend entièrement du public. Les acteurs réagissent en fonction des spectateurs. Il s'agit pour eux d'être stupides sur scène et de l'assumer. Cela implique que le public comprenne les codes de jeu.

Est-ce que tu pensais déjà à la mise-en-scène en écrivant la pièce ? Et aux acteurs ?
A la mise-en-scène non, pas du tout. Par contre j'avais déjà une idée pour certains des comédiens.

Le fait que la mise-en-scène soit si sobre, était-ce un choix ? Parle-nous du choix des lumières (éclairage rouge, néons)?
Oui c'était un choix. Je voulais créer une ambiance plus que réaliser un décor. Les lumières, l'odeur (un des acteurs était tout le temps en train de se parfumer) génèrent une ambiance particulière, un peu baroque. Je cherche aussi surtout à déconstruire le jeu scénique avec un minimum de décor. Pour être en rupture avec le théâtre tel qu'on se l'imagine : rideaux rouges, décor conséquent, séparation de la scène et du public, ... Là, les spectateurs sont presque sur scène, il n'y a pas cette distance habituelle.

Une des actrices jouait deux rôles très contradictoires, est-ce une question pratique ou est-ce volontaire ?
C'était un choix également. J'ai l'habitude de travailler avec elle et elle me semblait tout à fait en mesure d'assumer les deux rôles.

As-tu écrit une œuvre courte pour qu'elle soit plus percutante ?
Clairement, oui. Cela permet un impact plus direct, ça donne plus de force et de portée au texte.

Est-ce que tu cherches à atteindre tout le monde ? Est-ce que tu considères ton théâtre comme populaire ?
Non, ça me paraît impossible. Chacun vient au théâtre avec ses propres références. Mon théâtre utilise un langage et des codes bien particuliers, je crois que ça ne peut pas parler à tout un chacun.

Penses-tu être un artiste engagé ?
Oui, très. Il y a un discours politique sous-jacent dans toutes mes pièces.

Avant de nous quitter, il lance l'idée de diffuser notre documentaire à la Cinémathèque de La Paz dans un an et demi. Yihaaaaaaaaaaaaaaaa!!
Mais pourquoi pas ???

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