mercredi 18 juin 2008

Martá Monzon, comédienne et metteur-en-scène, La Paz

Martá Monzon, petit bout de femme énergique et déterminée, nous reçoit dans sa maison lumineuse dans le quartier de Sopocachi, mardi matin à 8h pétantes. Elle a les cheveux ébouriffés, des lunettes modernes et une petite robe de cuir noir. Un personnage. déjà débordante d'énergie dans la clarté matinale de son salon, alors que la Nast'et la Carotte se noieraient volontiers dans un grand bol de café. Elle vaque à ses occupations (Pierre Ferrier et elle ont une petite fille de 4 ans prénommée Nayeli) pendant qu'on effectue les réglages caméra. On a trouvé le bon angle, la bonne luminosité (enfin, c'est ce qu'on croit, on verra au montage :)), l'interview peut commencer.
Difficile pour elle de ne pas sortir du cadre car elle gesticule dans tous les sens et vit pleinement chacune de ses réponses. Étant en couple avec un Français, elle choisit de nous parler dans notre langue, ouf, ça nous facilite la tâche pour nos débuts. Metteur-en-scène, comédienne, professeur, productrice théâtrale et gestionnaire culturelle, Martá Monzon a la tête sur les épaules, les idées claires et toujours trois ou quatre projets en cours. Sa vision du théâtre est façonnée par son expérience considérable, à la fois riche et multiple.
Bien consciente des clivages théâtraux (théâtre populaire / théâtre contemporain / Teatro de los Andes), Martá Monzon n'en reste pas moins une passionnée de dramaturgie. Elle a travaillé en collaboration avec l'Alliance française dans le cadre du dispositif tintas frescas (encres fraîches, ndlr) où elle a dirigé des ateliers de dramaturgie, qui ont lancé de jeunes auteurs tels qu'Eduardo Calla. Suite à cette expérience, elle a édité un recueil de pièces.
Selon elle, l'art théâtral passe tout d'abord par le respect du texte: il s'agit de s'en imprégner après des relectures successives et de partir de là pour obtenir la matière nécessaire à la création artistique. Elle passe des heures à décortiquer des œuvres avec une rigueur quasi scientifique. A la question de l'engagement de l'artiste elle nous répond qu'il se trouve à un niveau plus personnel : il ne s'agit pas d'impliquer les œuvres dans une situation socio politique mais d'avoir sa bataille personnelle. La sienne : lutter contre le machisme ambiant et changer l'image de la femme dans la société bolivienne. Elle considère le théâtre comme un art minoritaire (et non élitiste, nuance intéressante) puisqu'une infime partie de la société bolivienne fréquente les théâtres, malgré le coût dérisoire des places (2€ environ).
Aujourd'hui elle anime une émission quotidienne sur Radio Deseo (Radio Désir, radio féministe, ndlr) tous les jours à 11h30. Elle nous invite à la suivre dans le studio. Nous la filmons pendant son passage sur les ondes. Elle est face au micro comme elle est dans la vie : engagée, révoltée, virulente, expansive et démesurée. On est happées par ce qu'elle dégage.
Ces quatre heures passées dans l’univers de Martá Monzon furent décoiffantes.

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