lundi 24 novembre 2008

Luis Alvarez Oquendo, Théâtre expérimental de l'Université Nationale de San Augustín (UNSA), Arequipa

Pour commencer, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m'appelle Luis Alvarez Oquendo et je suis metteur-en-scène du théâtre expérimental de l'Université Nationale de San Augustín d'Arequipa au Pérou. Ça fait 38 ans que je mets-en-scène le théâtre universitaire. Comme acteur, ça fait 40 ans que je travaille, comme metteur-en-scène, 38 ans.

Comment vous est venue l'envie de faire du théâtre ?
A l'école, quand j'étais petit, la maîtresse a découvert que j'avais des aptitudes pour jouer, réciter, chanter, danser et toutes ces choses. Chaque fois qu'il y avait une activité culturelle pour la fête des pères, des mères, la fête du collège, la maîtresse m'y poussait : "il faut que tu fasses quelque chose, il faut que tu joues, que tu récites quelque chose !" Et c'est ainsi qu'est né mon désir de sortir, de me présenter devant le public, communiquer, leur dire des choses. Je commençais toujours par réciter un poème et je faisais quelque chose d'expérimental et ça devenait un monologue. Mes camarades et la maîtresse disaient que j'avais les qualités requises pour le théâtre et que c'était le chemin que je devais suivre. Qu'en plus, j'avais une bonne voix, que je savais la porter, bien parler, que je savais changer de voix, jouer avec ma voix. Et on m'a dit : là-dedans, tu as beaucoup d'avenir et c'est ce qu'on me disait pendant toute ma scolarité. C'est ainsi qu'est né le désir de continuer à faire du théâtre.

Quand a été fondé le Théâtre de l'UNSA et quel est son objectif ?
En 1954. Les objectifs ? Fondamentalement, c'est de faire que l'élève, futur professionnel, en plus de faire des études intègre aussi une part d'art. Pourquoi ? pour enrichir sa sensibilité, pour qu'il ait plus d'aisance, plus d'expression vocale, corporelle, etc... On fait du théâtre à l'Université non pas comme une fin en soi, pas pour être acteur, mais comme un moyen qui procure et améliore les moyens d'expression : l'aisance, l'agilité mentale, la mémoire, la créativité et toutes ces choses. Ça, c'est l'objectif fondamental de l'Université.
Un deuxième objectif de l'Université c'est que les jeunes qui font du théâtre se présentent devant la communauté en faisant périodiquement des pièces de théâtre, en allant en province faire des pièces pour les enfants, pour les jeunes. Comme un travail d'intention culturelle de l'Université pour la communauté.

Comment définiriez-vous le genre de théâtre que vous faites ? Qu'est-ce que le théâtre expérimental ?
Pour moi, le théâtre expérimental c'est un espace, un lieu où l'acteur se lance dans une recherche de formes de communication actorales nouvelles, qui donnent plus de facilité pour communiquer, avec plus de richesse et une meilleure théâtralité. Donc là les acteurs expérimentent une forme, une autre, et trouvent quelques nouvelles choses. Ils expérimentent. Fondamentalement pour trouver quelque chose de nouveau, quelque chose qui aide à améliorer son travail.
De ce fait, l'expérimentalisme c'est bien. Pourquoi ? parce que ça rompt avec le conformisme de l'acteur. L'acteur, parfois, apprend diverses choses à l'école de théâtre mais il ne cherche pas, il n'expérimente pas des choses qui pourraient le mener plus loin. Ainsi, l'expérimentalisme à cette facilité qui pousse l'acteur à trouver de nouvelles choses pour améliorer son travail.

Vous faites tous types d'œuvres, non ?
Oui, oui. On fait du théâtre péruvien qui montre notre culture, nos racines. On fait aussi du théâtre latino-américain, pas mal de théâtre latino-américain : du théâtre chilien, argentin, colombien, brésilien, vénézuélien, bolivien. Pourquoi? parce que comme nous sommes des pays-frères, nous avons des cultures similaires. Et les problèmes sont quasiment les mêmes, dans ces pays-frères, et donc, la problématique de chacun nous intéresse. Et la mettre-en-scène, c'est une de nos préoccupations. Pour montrer les conflits, les problèmes à travers le théâtre. Et aussi, c'est une façon de "latino-américaniser" le théâtre en Amérique latine. En faisant que les pays se rapprochent, qu'il n'y ait plus de frontières, de barrières.

Vous pensez donc qu'il y a une unité entre les pays d'Amérique latine ?
Oui. Mais dans le domaine de la culture. Pas de la politique, de la culture. De la peinture, de la musique, de la danse, du théâtre. Il y a un rapprochement, une fraternité entre les peuples. Les frontières sont brisées. Je crois que la culture a ce pouvoir de libérer ce type de contrôle.

Comment travaillez-vous au sein du théâtre universitaire ?
Chaque année on fait une session. Les élèves s'inscrivent, et on les soumet à un essai pour voir s'ils ont les aptitudes pour jouer. Ils peuvent avoir beaucoup d'enthousiasme, mais pas d'aptitudes. Donc sur les 150-200 qui s'inscrivent, on en retient que 20. Il faut choisir les meilleurs pour pouvoir travailler bien. On n'a pas besoin de quantité, mais de qualité. C'est ce qu'on fait chaque année, une fois par an. Et donc, ce groupe se renouvelle en permanence. On ne travaille pas avec un seul groupe, mais avec 3 ou 4. L'un fait une pièce pour enfants, un autre une pièce d'un auteur latino-américain consacré pour adultes. Et donc pendant l'année on peut présenter une pièce tous les 3-4 mois. Les groupes sont en mouvement.

Pensez-vous que l'acteur ait une responsabilité (sociale, artistique, politique,...)?
Je crois que l'artiste doit avoir un engagement envers sa société, envers son époque, les personnes de son temps. Et fondamentalement envers l'être humain. Pas tant avec la politique. Il doit parler de justice, de la solitude, la fraternité, la solidarité, la paix et l'écologie. Il condamne la violence, la guerre. Je crois que ce sont des valeurs universelles qui nous concernent tous.

Pour vous, le théâtre doit-il dénoncer quelque chose systématiquement ou peut-il être un simple divertissement ?
Je crois que quand il y a des violations flagrantes des droits de l'homme, oui, le théâtre doit - je suppose - dénoncer cela artistiquement pour que les gens, la société réagissent, fassent quelque chose.

Pour finir, que pensez-vous que le théâtre puisse apporter aux gens ?
Le théâtre doit principalement amener les gens à réfléchir sur le monde qui les entoure. Pas seulement sur leur localité, mais sur leur pays. Et pas seulement sur leur pays mais aussi sur ce qui se passe dans le monde. Une personne doit être immergée dans sa réalité mais aussi dans la réalité mondiale, parce qu'il se passe tant de choses. Et je crois que le théâtre est une sorte de moyen qui permet d'éclaircir toute cette problématique pour le public.
Il propose aussi une réflexion et des points d'interrogation que le spectateur doit faire mûrir après avoir vu la pièce. Il voit la pièce, la proposition, il rentre chez lui et ça mûrit, non ? Réellement, il réfléchit à partir de ce qu'il a vu. Je crois qu'en ce sens, le théâtre apporte une réflexion profonde au public. Il ne l'impose pas, ce serait trop direct. Je crois que l'influence du théâtre sur le public est indirecte. Elle ne peut pas être directe

1 commentaire:

Carlos Alvarez a dit…

Luis Alvarez Oquendo:
Tuve la suerte de encontrar este blog.
Hola: mi nombre es Carlos Alvarez y el nombre de mi padre fue Ricardo Alvarez Rodriguez quien nacio en el Cusco y vivio algun tiempo en Arequipa. Basado en la poca informacion que poseo, asumo y creo que eres mi hermano. Segun tengo entendido y recuerdo Marco Vinicio Alvarez Oquendo es tambien hermano nuestro. Tambien creo tener una hermana cuyo nombre no estoy seguro si es Grimanesa Alvarez Oquendo.
Si estoy correcto en mi apreciacion y resulta ser de que realmente somos hermanos, me causara mucha alegria estrechar comunicacion contigo y con todos mis hermanos. Estoy a punto de cumplir los 60 años. Vivo en la ciudad de Miami. Mi correo electronico es c.alvarez@yahoo.com mi telefono celular es 1-305-431-1620.
Ruego que sea cierto que finalmente los encontre. Despues de muchos años de busqueda.
Recibe un abrazo y cordiales saludos.
Carlos Alvarez