dimanche 9 novembre 2008

Paco Gimenez, Teatro la Cochera, Córdoba


Tout d'abord, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Bien. Je m'appelle Francisco Daniel Gimenez, mais dans le milieu théâtral, je suis connu sous le nom de Paco Gimenez. J'ai commencé à étudier le théâtre en 1969, et depuis lors jusqu'à ce jour, je me consacre à cette activité. J'ai suivi des cours de théâtre à l'université, j'ai terminé en 1972. En 1974, j'ai rencontré un groupe indépendant avec qui je suis parti à Mexico, où je suis resté 7 ans. Pendant les années de dictature militaire ici en Argentine, et ce jusqu'en 1983, puis on a formé ce qui s'appelle aujourd'hui le Teatro La Cochera. J'ai aussi un autre groupe à Buenos Aires, depuis 1990, qui s'appelle La Noche en Vela. Et bon. J'ai mis-en-scène bon nombre de pièces, alors qu'en réalité je préfère jouer, mais c'est ce que j'ai le moins fait. J'étais plutôt doué dans la mise-en-scène, donc j'ai continué. Tout simplement. Et maintenant, je donne des cours de théâtre et de production théâtrale, là où j'ai suivi mes études universitaires. Depuis 5 ans. Et bon. J'ai 4 chiens. (rires) Et je me déplace à vélo. Et j'écoute des disques, pas des CD, des disques.

Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire du théâtre ?
Aah ... J'aimais chanter, dessiner, danser et le sport ne me plaisait pas, ne m'intéressait pas. Ce penchant pour le théâtre a été spontané, et comme ma famille m'a permise de poursuivre dans cette voie, il ne m'en ont jamais empêché, je me suis consacré à ça.

Racontez-nous la genèse de la compagnie La Cochera.
En réalité, ce qui s'appelle aujourd'hui La Cochera, a commencé en 1985 avec un spectacle et avec la volonté de le présenter là où je donnais mes cours. C'est à dire que jusqu'en 1985, cet endroit était "l'atelier de Paco", le lieu où Paco donnait ses cours. On a préparé une pièce avec quelques camarades, et on a arrangé ce lieu en question pour qu'il puisse fonctionner comme un théâtre. Et comme il était à côté d'un garage, on s'est mis à l'appeler La Cochera. C'est à partir de là que ça a commencé, dirons-nous. Ça a été une conséquence de notre activité, mais ça n'était pas intentionnel, construire un théâtre, etc ... non.

Comment définiriez vous le genre de théâtre que vous faites ?
C'est un travail de création. Je donne toujours une idée aux acteurs, j'arrive avec de la matière textuelle, les acteurs l'étudient et en cherche d'autre â côté. A partir de là, ils trouvent des scènes, et c'est ensuite à moi de monter un spectacle à partir de cette matière. Bien sûr il y a des variantes. Mais en général, c'est comme ça que ça se passe.

Comment s'appelle cette méthode ?
A une époque, il existait ce qui s'appelle "création collective", mais dans une création collective il n'y a pas de metteur-en-scène à proprement parler. Le groupe avec qui je suis parti à Mexico est un groupe de création collective. Mais déjà en revenant, j'étais considéré comme le leader et le metteur-en-scène. J'ai vu que j'avais plus d'expérience. Enfin bon, les temps ont changé. Mais dans ce cas-là, j'ai pris l'habitude de "superviser" le groupe. D'ailleurs, il y avait un coordinateur dans ce groupe au début, mais au final, la volonté créative correspondait à celle du groupe. Tandis qu'ici à la Cochera, ça correspond à mon idée.

Avez-vous l'impression qu'ici à Córdoba, la théâtre soit populaire ? Est-ce que les gens vont au théâtre ?
Non, il y a une quantité limitée de gens qui vont au théâtre. Bien moins qu'à Buenos Aires. Beaucoup ne connaissent pas La Cochera, le théâtre indépendant. Ils préfèrent aller voir des spectacles qui viennent de l'extérieur, du théâtre commercial de Buenos Aires, quand ils sont importés à Córdoba.. C'est la vie de province, c'est comme ça la culture ici.

Vous vous rendez souvent à Buenos Aires ?
Oui, ça m'arrive très souvent de me rendre à Buenos Aires, et ce depuis 1990. J'ai beaucoup travaillé dans le théâtre indépendant, en faisant les premières. J'ai amené des pièces de la Cochera et à côté de ça j'ai travaillé sous contrat dans ce qui s'appelle le théâtre officiel. Il y a beaucoup de monde qui va au théâtre, là-bas. Ici, La Cochera, c'est un hobby pour les comédiens, pas un travail professionel, même si nous allons fêter les 25 ans de la compagnie.

Vous travaillez à côté ?
Tout à fait. Je vis grâce aux contrats de Buenos Aires, aux cours, à l'Université. Les comédiens aussi ont une autre profession.

Pensez-vous que l'artiste de théâtre ait une responsabilité, un devoir ?
Nous ne l'avons jamais pensé. On ne se le dit pas les uns aux autres : " Tu as la mission de ..." (rires). En tous cas ici, pour l'instant, non. Je pourrais dire que j'ai une "mission", mais dans le sens où j'ai mis en route quelque chose, ou cela s'est développé et que je dois le stimuler, le réinventer, le faire aller de l'avant. C'est une mission innée. L'artiste, de toute façon, a quelque chose de spécial. Quand je suis sorti de l'université, on a cherché, avec mon groupe et d'autres de Córdoba, à représenter les luttes sociales, parler des nécessités du peuple à travers le théâtre. Bon. Chaque époque est particulière, a son lot de caprices ... les années 80, par exemple. A présent, on profite de ce que l'on connaît déjà, on profite des gens qui viennent nous voir en essayent de créer un espace commun, en développant ce qui les intéresse chez nous, ce qu'ils aiment et attendent nous.

Pensez-vous que le théâtre doive toujours dénoncer quelque chose ?
Le travail de création implique de s'exprimer le plus possible. Car cela s'inspire de chacun de nous,de ce que l'on vit, de l'âge que l'on a, de l'état de la société, de l'économie ... il en sort toujours des questionnements, des éléments de dénonciation.

Pensez-vous que cela puisse rester seulement du divertissement?
Nous autres faisons toujours quelque chose de divertissant. Mais à l'intérieur de cela, on véhicule beaucoup d'idées fortes.

Que pensez-vous que le théâtre puisse apporter aux gens?
Bon. J'espère que les gens s'amuse. Comme pour nous d'ailleurs. Car durant toutes ces années, l'équipe ne s'est pas renouvelée, et elle compte environ 40 acteurs. Faire du théâtre au sein de La Cochera fait partie de nos vies. Cela nous donne un sens. Ça reste divertissant parce que justement ce n'est pas un travail. Si on gagnait de l'argent dessus, il faudrait une sorte de politique, une organisation. Ici,on peut avoir des divergences d'opinion, des confrontations, etc... et cela maintient le groupe. Je crois que quand le public vient à la Cochera, c'est pour s'amuser. Il a l'occasion de découvrir autre chose.

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