mercredi 4 mars 2009

Carolina Vivas, Umbral Teatro, Bogotá

Tout d'abord, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis Carolina Vivas, j'ai été actrice, je suis maintenant dramaturge et metteur-en-scène, et je vis depuis 18 ans du groupe Umbral Teatro. Avant cela j'ai fait partie du Teatro de la Candelaria durant 17 ans.

Comment vous est venue l'envie de faire du théâtre ?
Ma famille, mon papa, était d'un village assez éloigné de la première métropole. J'avais un oncle prêtre qui fêtait ses 50 ans de vie sacerdotale, ce qui était un évènement merveilleux pour lui et pour toute la famille. Moi, j'avais environ 15 ans. Pour l'occasion, nous sommes partis pour Bogotá pour les fiestas del retorno, c'est là que j'ai découvert le Théâtre Expérimental de Cali et le maître Enrique Buenaventura, qui donnaient une représentation au milieu de toutes les autres activités. Je suis restée complètement fascinée devant leur pièce. A la fin du spectacle, je suis allée discuter avec un des comédiens pour lui dire que je voulais aller travailler chez eux à Cali. Il m'a répondu :"Mais non, jeune fille. A Bogotá il y a une école, aussi." Voilà comment je suis partie étudier à l'École Nationale d'Art Dramatique de Bogotá.

Pouvez-vous nous raconter la genèse de l'Umbral Teatro ?
Je n'ai pas fondé cette compagnie toute seule. Mais avec un acteur et metteur en scène qui s'appelle Ignacio Rodriguez. Lui aussi venait du Teatro de la Candelaria, au sein duquel il a travaillé 10 ans. Lorsqu'on a quitté le groupe, au bon moment, on a décidé ensemble de fonder Umbral. Pour cela on a eu besoin d'acteurs et de musiciens, car on a aussi une formation musicale au sein du groupe. Et avec cette troupe, on a commencé à travaillé en 1991, 2 ans durant, pour présenter notre spectacle en 1993. Une pièce que j'avais écrite, mais montée sur fond de création collective.

Pourquoi avez-vous quitté la Candelaria, si ce n'est pas trop indiscret ...
Non, non ... bien, j'ai passé les années les plus merveilleuses de ma vie au sein de la Candelaria, et je crois que j'ai non seulement profité de l'expérience, mais ca a aussi été un tremplin formidable. Cela dit, un jour l'oiseau doit quitter son nid, on ressentait le besoin de monter notre propre projet tout en respectant totalement ceux que l'on quittait, à cette époque et aujourd'hui encore. Déjà à l'époque, ils luttaient depuis 25 ans. Et aujourd'hui déjà 40 ans d'expérience et des poussières ... bien sûr qu'il y a eu parfois des divergences, mais toujours saines et constructives. Et voilà ! Nous sommes partis.

Vous travaillez donc sur fond de création collective comme la Candelaria ?
Bien. Ce que je pense, c'est que l'on travaille toujours de la même manière. Je crois que c'est très difficile de travailler comme pourrait le faire un autre. Et c'est vrai qu'en 18 ans d'expérience pour Umbral, on peut dire que l'on a trouvé notre propre chemin, et dirons-nous nos propres manières de procéder, esthétiquement parlant. Mais oui bien sûr on peut parler de création collective.

Vous êtes donc dramaturge ...
Oui, exactement. Nous faisons de la création collective, mais tout ce qui est de l'ordre de l'écriture, c'est moi. Je ne travaille pas avec la parole quotidienne de l'acteur. Je ne fais pas ce travailler là de récolter les trouvailles des acteurs pour les retranscrire, non. J'arrive avec mon matériel et à partir de là on travaille sur la dramaturgie du spectacle.

Quelles sont vos influences, s'il y en a ...
Bien sûr ! Bien sûr qu'il y en a. Santiago García disait à ce sujet : "Contre ces influences il faut aussi essayer de lutter !" Donc bien sûr il y a l'influence du Teatro de la Candelaria et du maître Santiago García. En seconnd lieu, il me semble que ce sont des auteurs fabuleux et qui ont beaucoup compté dans mon travail : Beckett, Koltès et des dramaturges latino-américains Enrique Buenaventura entre autres ... des auteurs vivants : Dario Fo ... voilà ceux qui m'ont marqué de manière définitive.

Avez-vous déjà regretté votre choix, le théâtre ?
Moi ? Oh non ! Pour rien au monde. J'adore faire du théâtre, avant toute chose c'est cela : le théâtre m'enchante et me divertit. C'est une vocation qui me rend heureuse, et dans laquelle je veux persister. Et comme cela m'intéresse et me divertit toujours autant malgré les obstacles rencontrés, je poursuis. Bien sûr c'est passionnant.
Le dilemme face auquel je bute régulièrement, qui n'est pas entre le fait de faire du théâtre et le fait d'écrire, mais comme la journée se compose de 24 heures seulement, et que j'ai une envie féroce d'écrire, et encore plus de manière solitaire. Et je manque souvent de temps. Car tout le travail de mise-en-scène, de communication avec l'acteur sur le plateau demande de prendre son temps. Donc je me réserve des nuits pour le reste, mais je me rend compte que la dramaturgie demanderait beaucoup plus de temps.

Pensez-vous que l'artiste de théâtre ait une responsabilité, un devoir ?
Voyons. Je crois d'abord que le devoir est envers soi-même. Faire le théâtre qui nous plaît, être en accord avec ce qu'on fait. La recherche du plaisir, et surtout faire ce qui a pour nous de l'intérêt. Dans ce sens le théâtre qui m'intéresse est celui qui peut susciter de l'intérêt chez les gens. Et pour ce faire, il faut de l'efficacité. Moi ce qui m'intéresse c'est le théâtre efficace, même si cela ne garantit presque jamais le succès. Un théâtre efficace naturellement n'est pas un théâtre qui donne au spectateur ce qu'il a envie de voir. Ce qui m'importe c'est que le spectateur puisse être témoin de quelque chose qu'il ne voulait pas voir. C'est cette responsabilité-là qui compte pour moi en premier lieu. Pour moi, réussir à faire ce genre de théâtre, rencontrer le spectateur dans ce sens, c'est ca qui me plaît. Faire un théâtre pertinent.

Que pensez-vous que le théâtre puisse apporter aux gens ?
Bien. Pour ma part, j'ai été une fois très heureuse en tant que spectatrice, lors d'un festival ibéro-américain où jouait un clown russe, le spectacle s'appelait Yellow, il était incroyable ... et il y avait toujours en arrière plan un autre personnage qui était tour à tour son ombre, la mort, lui-même. Il était techniquement magnifique, et je ne me souviens pas d'avoir déjà été heureuse à ce point-là. Si parfaitement heureuse qu'en voyant ce spectacle. Et après cela aussi, les images me sont restées, indélébiles ... mais de manière sensorielle, rien d'intelligible. Voilà ce que cela peut apporter aux gens selon moi : que cela produise quelque chose en eux qui seulement pouvait ce produire à ce moment-là, devant ce spectacle, durant cette heure et demi.

2 commentaires:

bertha díaz a dit…

merci, aussi, pour visiter mon blog :)
par rapport à ta question, je suis équatorienne, mais à ce moment je suis à bruxelles, en faisant un Master en Arts du Spectacle Vivant. Je vais finir ici mon MA1 et la deuxième année je le ferai à Séville et à Paris (un quadrimestre dans chaque université). à Guayaquil je travaillai dans la presse culturelle, par cela je connais un peu du mouvement artistique et par cette raison aussi, j'adore celui ce que vous faites. J'aimerais savoir un peu plus sur son projet. Je vous laisse mon e-mail (la.maga83@gmail.com). bisous.

suerte!!!

bertha

Miguel Angel TORRES et Thomas RAIMBAUD a dit…

Venez voir le spectacle du groupe UMBRAL..
A Paris le 27 et 28 de octobre prochain. A l'église de Saint Merry, 76, rue de la Verrerie. 75004.
20h
Bisesss
M TORRES