lundi 25 août 2008

María José Contreras, actrice et metteur-en-scène, Santiago de Chile

Pour commencer, pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
En 2001 je suis allée en Italie où j'ai travaillé au sein du Teatro Ridotto pendant 3 ans, à Bologne. Puis, en 2006 je suis revenue au Chili et j'ai intégré la compagnie Del Patio à Santiago.

Pouvez-vous nous parler du théâtre à Santiago ?
Il est en plein changement. Avant il y avait peu de compagnies, aujourd'hui il y a une grande émergence de troupes et de salles de théâtre. Il y en a quasiment 30, alors qu'auparavant il n'y en avait que 5 ou 6.
Il y a du théâtre plutôt "commercial", qui s'apparente au genre de la comédie, du théâtre plus expérimental et du théâtre qu'on pourrait appeler "national", où se jouent les pièces du répertoire.

Les gens vont-ils beaucoup au théâtre ? Est-ce un art populaire ?
Non, pas vraiment. C'est surtout un public instruit, bourgeois. C'est très dur de toucher un public plus général, car le théâtre est un peu hermétique. Et puis le théâtre reste cher pour une majorité de Chiliens, le cinéma leur coûte moitié moins cher !

Pouvez-vous vivre de votre art ?
Oui, mais en complétant avec des cours de théâtre.

Pouvez-vous nous parler de votre pièce Remite Santos Dumont, d'où vous est venu ce désir de partir de lettres trouvées dans un hôpital psychiatrique ?
Ces lettres ont été trouvées en 2001, elles ont été écrites au début des années 1900. J'ai eu envie de les mettre-en-scène parce qu'elles appartiennent à l'histoire du Chili et que c'est une façon de toucher plus de gens.

C'est vous qui avez fait le travail de "montage", d'assemblage ?
Oui, j'ai fait l'écriture scénique à partir des propositions des acteurs. Mon travail a été de trier.

Comment travaillez-vous en répétition ?
Le travail sur le corps a été primordial, c'est avec ça que je commence.

Quelle a été la plus grande difficulté pour mettre ce travail en scène ?
Il y a une une difficulté économique : cela a été difficile d'obtenir des financements et les acteurs et moi-même avons travaillé durant 9 mois presque sans aucun revenu.
Et puis il a fallu "rendre" le contenu des lettres par le travail corporel. La question est : comment traduire cela en langage scénique ? C'est le plus difficile et aussi le plus gratifiant quand on voit qu'on y parvient.

Selon vous, existe-t-il un devoir de l'acteur ? Le théâtre doit-il nécessairement être engagé ?
Oui, surtout dans un pays comme le Chili qui est en train de se développer. Il s'agit de récupérer l'histoire, travail qui a été interrompu sous la dictature. Après vingt ans de silence, il faut reconstituer des fragments d'identité. C'est donc un devoir à la fois éthique et politique. Je ne pense pas que le théâtre puisse être seulement un divertissement, en tout cas ce n'est pas le théâtre que je veux défendre dans mon travail. Avec Remite Santos Dumont, il s'agit de parler de la discrimination et de comment le Chili traite les marginaux.

Pour finir, que pensez-vous que le théâtre puisse apporter aux gens ?
Beaucoup de choses : le théâtre doit être comme un miroir, il s'agit de parler des Chiliens, aujourd'hui. Et puis c'est aussi une forme de langage, nous sommes en présence de corps, en chair et en os. C'est une véritable communication comparé au monde virtuel dans lequel nous vivons, ou chacun est face à son ordinateur. Le théâtre permet de rendre réelle cette communication : réunir une centaine de personnes dans une salle, et les faire converger vers la scène.







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